Ton fils ? ©
J'ai sous les yeux les évangiles,
Ces textes sacrés immobiles
Rendent compte de mon état
Et me conduisent au Golgotha.
J'ai voulu fuir ces écritures
Incompatibles avec ma nature.
Vois ! Ô Seigneur ! Ce corps de mort.
Ma chair pleine de désaccord,
Née dans la douleur en augure
Pour la souffrance et la luxure,
Aveugle dans ce monde éteint
Et sourde à ton règne lointain.
Oui ! Vois ce que je suis ! Ton oeuvre.
Créé pour te servir, sans preuve
Tangible de t'appartenir,
Laissé libre de te haïr
Quand ma vie se perd en silence
Et me laisse sans espérance.
Ô Dieu ! Je tremble à chaque pas,
Quand pour la mort je sers d'appât,
Vivre n'a de sens que pour l'âme
Pourtant silencieuse et sans flamme.
Moi j'ai fait du doute un rempart
Et de la peur un étendard.
L'épée de ta justice pèse.
Enfant j'ai marché sur des braises,
Soumis à tes commandements
Par un monde sans jugement
Qui sacrifie mon innocence
Pour accomplir tes exigences.
Père ! Si ce titre est le tien
Montre-toi car je t'appartiens !
Souffre que je voie ton visage
Pour transfigurer ton ouvrage.
Libère-moi de l'oppression
Et accueille-moi en Sion.